Sexuberance I et II

A 4 mains, avec Mademoiselle Paule. In memoriam. 2007.

SEXUBERANCE I

Au croisement de certains chemins
Lorsque des regards décroisent des mains,
L’envie de l’autre, incertain, devient
Dans une larme va et vient.
Pour glisser doucement vers le plaisir
Sans en subir l’assaut fatal,
Juste laisser couler assez de cire
Pour que l’étreinte des corps calme.
Passer de l’autre côté de soi-même
Où avide de cette réunion
L’on puisse aussi rester soi-même.
A la conquête de traits d’unions
Savoir changer son propre rôle
Et bien aiguiser les lames,
Quitte à toujours partir trop tard
Et en garder le teint blafard,
Loin de l’angoisse éperdue
D’un vieil amour perdu
Pour quelques secondes s’exposer.
S’exploser.
Mais

Je ne savais pas que ça ferait si mal
Même avec toute l’endurance de ma rage animale,
Quand il ne reste que des silences,
La brume envahit mon esprit et me relance.

Alors reste la violence
De mes mots et de mes gestes,
Désarticulés qui lancent
A qui veut bien des SOS.
Contre la lame de couteau
Qui mal plantée dans mon dos
Fait saigner toutes mes rancœurs
Sans jamais parvenir…

A faire taire ta douleur

SEXUBERANCE II

Reste les flashes, mais surtout pas ceux des photos,
Qui ne sont que paraître quand par orgeuil  on se fait tous beau.
Croyant couvrir le temps qui reste, au milieu de toute cette boue
Contre tous ces souvenirs à mettre en pièce et à foutre aux égouts.
Mais

Je ne savais pas. Que cela ferait si mal
D’apprivoiser à travers toi toute ma rage animale
Puisqu’à l’instant où les murs redeviennent vides,
Les relents de mes élans se parfument à l’acide.

C’est alors que tout devient panique
Dans ces minutes de vertiges insolubles
Avec tes yeux qui me piquent,
De trop de souvenirs insalubres.
Qu’on se ravive l’une l’autre
Si la vie peut résister

A la routine qui finit de décevoir

Au tempo banal

A la routine qui finit de décevoir

Toutes nos brûlures dans un journal
A l’instant où tout se tend
Nous détend et puis me reprend
A déchirer des couvertures
Pour ne pas rimer en fioritures

Je ne savais pas que cela ferait si mal
De te rendre le poids de ma rage animale,
Puisqu’entre nous ne reste que des silences
La brume envahit mon esprit, et me relance.

Triptyque : Life in Cairo, En attendant Rafah, 72 heures a Gaza

Le 24 décembre 2012, période de Noël, me voilà dans un avion. Direction Istanbul – Le Caire – Rafah – Gaza.  Je n’aurai pas le temps de voir autre chose d’Istanbul que le fumoir de l’aéroport, digne des fonds de cale du Titanic, mais j’aurai l’opportunité de découvrir quelques facettes du Caire, avant de prendre la route pour Rafah et enfin, de rejoindre Gaza trois jours plus tard. Quand nous quitterons l’Egypte, peu de temps après, elle s’embrasera. La misère n’est pas partie avec Moubarak, et l’ombre de celui-ci est encore là. En atteste le coup d’Etat militaire venant de se produire avec la destitution du président Morsi.

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Je ne peux pas parler de ce voyage sans raconter une anecdote, qui caractérise la vie de tout palestinien, qu’il soit de Gaza ou de Cisjordanie, de Jérusalem ou d’Hébron et finalement,  de toutes les villes de la Palestine sous blocus et occupation israélienne : entrer ou sortir, le combat d’une vie entière, à chaque jour que Dieu fait.

Ainsi, arrivé à l’aéroport du Caire, notre ami Gazaoui, Ayman Qwaider, est mis à l’écart par les autorités égyptiennes. Pour lui qui a vécu à chaque entrée / sortie d’un territoire les mêmes difficultés, cette fois-ci, la pilule est amère. Car comment entre-t-on à Gaza sans passer par l’Egypte ? Pour ceux qui ne le sauraient pas, et bien l’on ne peut pas. Alors on attend notre ami, je fais mine d’être son amie traductrice, on s’impatiente, on nous empêche de le rejoindre en salle de police, on s’entête ( déformation militante ! ) et finalement, Ayman est en droit de fouler le sol égyptien, et de rentrer, trois jours plus tard, chez lui.

C’est aussi la première fois de ma vie que l’on me demande, à la douane égyptienne, avec mon joli tampon de l’Autorité Palestienne inscrit sur mon passeport français, « Mademoiselle, quelle est votre véritable nationalité ? » Cette question m’a renvoyé à celle posée par les sbires de l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv : « quel est le nom de votre grand-père, du côté de votre père ? » Ce à quoi je répondis la vérité, Ramon. « Veuillez donc nous suivre, nous avons quelques questions à vous poser. » Et c’est ainsi que je passais 8h d’interrogatoire avant de pouvoir voir, enfin, Jérusalem. Al Qods. Mais ceci, est une autre histoire…

La réalisation de ce triptyque commence ce 24 décembre là et prend fin le 4 janvier 2013. Jour du retour au bercail.